L´éolienne de 230 m de haut et prévue à 750 m des premières habitations de Burden, est l´une des plus grandes au Grand-Duché. Dans l’enquête commodo/incommodo, on peut lire que les ingénieurs de CSD constatent que l´éolienne en question dépasse, avec ses 40 décibels (dB) la nuit, les 35 dB autorisés. Lorsqu´on tient compte du fait que la direction du vent n’est souvent pas favorable au village, on peut en déduire que le seuil du bruit réel est supérieur à celui calculé en théorie. En diminuant la puissance éolienne, on peut rendre son impact conforme aux normes, mais qui contrôlera constamment si les normes sont effectivement respectées ? A quoi sert la comparaison avec un frigo pour minimiser les nuisances sonores, comparaison faite par les promoteurs lors de la présentation de l’éolienne ? Il va sans dire que personne ne dormira volontairement à côté d´un frigo !
Lorsqu´on parle de bruit, il faut discerner entre son audible et infrason (inaudible). Le son ou le bruit, phénomène physique d’origine mécanique, est constitué de variations de pression, exprimées en fréquences. L’oreille humaine perçoit les sons dans une plage de fréquences qui s’échelonne de 20 à 20.000 Hertz (Hz). Au-dessus de 20.000 Hz, on parle d’ultrasons, en-dessous de 20 Hz, on parle d’infrasons.
Même si l’être humain (et animal) n´entend pas les infrasons, qui sont à l’origine d’effets nuisibles et désagréables à l’homme, notre cerveau les perçoit par d’autres voies que le seul chemin auditif. Ils sont ressentis par une transmission de l’énergie vibratoire à d’autres organes (peau, yeux, muscles, crâne et squelette, organes internes) et ils ont ainsi une influence sur notre organisme.
Les sources des infrasons sont de nature technique (circulation, parcs éoliens, pompes à chaleur, machines, climatisations, …) ou naturelle (bruit de la mer, tonnerre, cascade …). Les infrasons ont la capacité de traverser les murs et les fenêtres et peuvent s´amplifier à l´intérieur de la maison par rétroaction. La seule solution à y apporter, est de respecter la bonne distance par rapport à l´éolienne.
Lors d´une interview sur RTL, notre ministre de l´Energie a déclaré que le Luxembourg a les règles les plus strictes en matière de distance à respecter lors de la construction d´éoliennes. Dans la loi ITM.SST de 2012, il est écrit à l´article 10.3 .3. : « La distance minimale mesurée en projection horizontale, qui doit séparer l’éolienne de toute habitation est de 300 m, sous réserve de conditions plus contraignantes imposées par toute autre autorité compétente. »
Les règles les plus strictes ? Vraiment ? En Allemagne, il y a le principe d’une distance minimum de 1 000 m entre les éoliennes et les bâtiments et en Bavière, on applique même la « règle 10H ». Ce qui signifie que la distance entre l´éolienne et l’habitation doit être 10 fois la hauteur de l´éolienne, à Burden cela impliquerait que l’éolienne se trouve à 2,3 km des habitations et non pas à 750 m !
Et cette réglementation repose sur une mesure relative, c’est-à-dire que la distance entre l’éolienne et les habitations est déterminée en fonction de la hauteur de l’éolienne. La distance est une valeur dynamique, qui n’est pas statique mais qui s’adapte, donc contraire à la valeur fixe de 300 m au Luxembourg.
Nous avons plusieurs questions à poser à notre ministre de l´Energie :
Est-ce que les recommandations concernant les distances sont encore adaptées à un super- projet éolien de plus de 200 m de haut ?
Qu´en est-il du son de basse fréquence dont est fait abstraction dans les analyses, filtré par les différents seuils de son ou qui n´est pas du tout mesuré, notamment de 0,1 Hz à 10 Hz ?
Pourquoi mesure-t-on encore d’après les normes DIN de 1998, époque à laquelle les éoliennes avaient une hauteur de 30 à 70 m ? Pourquoi n´a- t-on pas encore actualisé et adapté la loi ITM de 2012 alors qu´on érige aujourd´hui des éoliennes de plus de 200 m de hauteur ?
Que ferons-nous quand, comme en Allemagne, les superficies libres ne suffiront plus et qu´il faudra se rapprocher des surfaces habitées et construire à proximité ou dans les forêts ?
Effets de l´infrason sur l´homme
Les rotors des éoliennes ont pour effet que les infrasons se propagent dans l´atmosphère et dans le sol. Plus l´éolienne est grande, plus il y a de sons de basse fréquence ; ces derniers sont absorbés par notre corps et nos oreilles et déclenchent des symptômes bien identifiés : Les personnes concernées déplorent des problèmes de sommeil, maux de tête, vertiges, « tinnitus », bourdonnements et vacarme dans la tête, dépressions et problèmes de tension artérielle. Des recherches multiples faites par des médecins et acousticiens à l´étranger ont démontré clairement que l´infrason a des effets négatifs sur certains organes (cerveau, cœur).
Madame Dieschbourg a répondu à une question parlementaire de Monsieur Kartheiser, député : « L´autorisation de construire des éoliennes doit exclure toute nuisance pour les habitants provoquée par des bourdonnements, de l´infrason ou des ombres portées (Journal du 21.05.2015). Comment Madame Dieschbourg veut-elle garantir que les personnes concernées par une éolienne soient protégées contre des conséquences sanitaires négatives si, ni le ministère de l´Environnement ni le promoteur Soler S.A. ne détiennent d´études à long terme sur les effets des infrasons vis-à-vis des habitants concernés.
Il est remarquable que les pays qui tiennent à un développement forcé de l´énergie éolienne soient les plus larges quant aux règles des distances ! Si on la compare à d´autres Etats, on voit qu´ils ont des écarts beaucoup plus grands : 3 km pour la Grande Bretagne si l´éolienne a plus de 150 m, ou 2,5 km aux Etats-Unis. Si l’ « European Human Rights.Study » recommande déjà en 2012 une distance de 2 000 m ou le « Aertzeforum Emissionsschutz » en 2014 un minimum de 10H, alors nous nous demandons comment Monsieur Turmes peut parler « des lois anti bruit les plus strictes en Europe » quand on n´exige seulement 300 m de distance. Quelle tromperie ! On se moque du citoyen et on ne prend pas au sérieux ses préoccupations.
Notre gouvernement, tout comme les promoteurs d´énergie éolienne, argumente souvent qu´un bruit qu´on n´entend pas, ne peut pas, à ce qu´on sache, faire de mal. Lorsque des nuisances pour la santé sont invoquées, le ministère se base toujours, depuis des années, sur les mêmes études qui n´ont pas décelé d´effets négatifs sur la santé. Une étude (de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) de 2017) conclut ainsi : « Considérant l’importance de l’effet des sons audibles sur la gêne occasionnée par les éoliennes, et compte tenu de lacunes actuelles dans ce domaine, le CES préconise de réaliser des études complémentaires portant sur la sonie de sons complexes basses fréquences (pas uniquement des sons purs). » Ceci devrait faire réfléchir nos responsables politiques. Ils devraient déclarer un moratoire pour des installations de si grande ampleur industrielle avant que la recherche ne dispose de résultats détaillés sur les effets de l´infrason.
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